« Pour nous, rien ne sera plus jamais normal. »
Je n’avais pas relu la quatrième de couverture avant d’entamer la lecture de cette brave brique de plus de mille pages. Plus grand a été le vertige !
J’ai mis beaucoup de temps à comprendre ce qui m’arrivait. Où étais-je ? Qui étaient ces personnages qui affluaient de partout, et s’évaporaient aussi vite pour ré apparaître (ou pas) sous une autre forme plus tard ? Quel fil fallait-il suivre ?
L’histoire se tisse petit à petit, avec des récits du point de vue de différents personnages, des extraits de journaux intimes, des flashbacks. La Maison se dévoile au fur et à mesure grâce à ses habitants, à leurs mythes, leurs tourments, les nombreux graffitis sur les murs. On comprend que chaque enfant « placé » dans la Maison souffre d’une maladie ou d’un handicap nécessitant des soins. On comprend que la Maison est leur dortoir, leur école, leur aire de jeu. On comprend qu’à l’intérieur de la Maison ils se sont créé un refuge imaginaire, qui obéit à des codes et à une hiérarchie. Les enfants et adolescents paraissent livrés à eux-mêmes. Pourtant les adultes sont là : éducateurs, professeurs, personnels de cantine et de ménage. Simplement les enfants et adolescents les remarquent à peine, tant ils sont pris dans leurs histoires. Mais leurs tragédies sont bien réelles et aboutissent parfois au pire.
On voit beaucoup de personnages, il se passe beaucoup de choses et on se pose beaucoup de questions. Je gardais chaque question sans réponse dans un coin de ma tête, attendant que l’histoire me fournisse le dénouement. Mais parfois les réponses à ces questions ne sont pas venues. J’ai été frustrée. J’ai échafaudé des hypothèses. Puis j’ai lâché les mains. Il fallait accepter de lâcher les mains. Accepter que je ne comprendrais pas tout et me laisser dériver dans l’histoire. Dériver vers l’inéluctable : le départ.
Car ces enfants devront bien quitter la Maison un jour. Que deviendront-ils à l’Extérieur ?
Et moi, lectrice, je devais bien terminer ce livre un jour. Mais comment ressortir de cette lecture ?
J’ai mis presque deux mois à lire ce livre. C’était une lecture incomparable, qui m’a passionnée et épuisée à la fois. J’avais à la fois hâte et peur de terminer le roman. Au final je suis extrêmement satisfaite de cette lecture, et je dois dire que l’autrice a fait un travail grandiose. Il s’agit d’un livre long certes, mais surtout d’une histoire exigeante et complexe, à plusieurs voix, teintée de poésie, de drame, de théâtre, de fantastique… Chaque personnage est attachant (et ils sont nombreux !). Rien n’est laissé au hasard. Enfin, tout ce travail est d’autant plus impressionnant qu’il s’agit du premier (et seul) roman de l’autrice. Elle dit d’ailleurs ressentir un grand vide depuis sa parution (et on la comprend).
Pourquoi ce menu ?
On fume beaucoup dans la Maison (je pensais à une odeur de tabac froid tout le long de ma lecture, littéralement) et on boit beaucoup de mixtures étranges, mais je préfère proposer du thé fumé pour accompagner cette lecture. Testé et approuvé par moi-même 😉
Le choix de la boîte de chocolat, c’est pour la simple et bonne raison que chaque chocolat de la boîte sera différent, tous comme les personnages. Pour plus d’efficacité, jetez carrément le descriptif des chocolats de la boîtes et piochez à l’aveugle. C’est la surprise qui compte.
Côté musique il m’était absolument impossible de choisir une chanson. J’ai donc préparé une playlist avec une chanson par personnage ou moment clef de l’histoire. Cette playlist aussi a été testée et approuvée par moi-même au cours de la lecture 😉
Voici donc les titres de la playlist utile à la vie domestique* (et oui oui, il y a même du Céline Dion au milieu de tout ça) :
La Maison : The secret in the wall de Daniel Hart
Fumeur : People are strange des Doors
Tabaqui : I-E-A-I-A-I-O de System of a down
Sphinx : Kashmir de Led Zeppelin
L’Aveugle : La terrible palais du Dale cooper quartet
La Nuit des Contes : Gothic Suite de Léon Boëllmann
Vautour : Waiting for the night de Depeche Mode
Lord : Don’t let me be misunderstood de Nina Simone
Loup : My little Wolf de Bruno Coulais
Élan : Insomnies d’Ez3kiel et le Naphtaline Orchestra
Le Macédonien : Ave Maria de Céline Dion
Les Grands : Immigrant song de Led Zeppelin
Gaby : Fille à problèmes d’Allister
Sirène : Lagoon de Nightwish
Rate : Heart shaped box de Nirvana
Bossu : Bag end d’Howard Shore
Ralf : Quicksand de David Bowie
La Forêt : Heroin de Velvet Underground
Il manque certains personnages et événements mais je compléterai peut-être plus tard.
* le titre de cette playlist fait référence à une phrase répétée beaucoup de fois par un personnage de l’histoire (celui que je préfère).
Pour conclure : cette lecture a été un coup de cœur, dense et étrange à la fois, et je ne la conseillerais pas à tout le monde !
Laisser un commentaire